Manderlay
En 1933, une femme arrive dans un village et réalise que l'esclavage y est encore pratiqué, presque 70 ans après la guerre de sécession de 1865.
Le film suit Grace, que l'on a connu dans Dogville, qui est jouée cette fois par Bryce Dallas Howard. Lorsque Grace arrive dans le village de Manderlay, elle prend en otage les maîtres et décide d'inverser les rôles. Les maîtres travailleront aux champs sous la surveillance de la milice de Grace alors que les anciens esclaves devront apprendre les rudiments de la démocratie, du vote et des décisions prises en commun. Les anciens esclaves vivront les joies et les peines de leur liberté.
La mise en scène est très théâtrale, très semblable à celle de Dogville. L'objectif de mettre l'accent sur les personnages et l'histoire est encore une fois atteint. Les personnages sont très riches, surtout du côté des esclaves, et les relations entre les personnages sont toujours pertinentes et calculées. Bryce Dallas Howard n'a peut-être pas la prestance de Kidman, mais elle remplit avec beaucoup de finesse le rôle qui lui est confié. Encore une fois, la narration ajoute beaucoup à l'histoire.
Le film, épisode 2 de la trilogie USA - Land of Opportunities de Lars von Trier, pour beaucoup de raisons, se compare à Dogville.
Au niveau des similitudes, il est divisé en chapitres avec des noms simple et un peu cocasse, comme Dogville. Le personnage principal, Grace, est toujours le même, même s'il n'est pas joué par la même actrice. Grace a toujours ses belles qualités, mais a aussi des défauts importants, à l'origine de ses ennuis. Le jeu des comédiens est toujours plutôt sobre, mais très fin.
Il n'y a pas que des similitudes. La différence la plus importante se situe au niveau de l'histoire. Alors que Dogville était un film très personnel, basé sur les péripéties personnelle de Grace, Manderlay est un film beaucoup plus social. Dogville explorait la difficulté pour une personne de s'intégrer dans un groupe ou une communauté. Manderlay explore la difficulté de créer une communauté, un système de votation et de loi. Il traite de la façon de se conduire en groupe, d'essayer d'établir une justice. Cette situation met l'accent sur les personnes ayant plus de difficulté à s'intégrer dans une communauté et ouvre la porte à une certaine forme de tricherie et de traitrise.
Particularité importante à mentionner, le film n'a vraiment pas connu le même succès que Dogville, malgré la notoriété internationale de Lars von Trier. De ce fait, le film n'a jamais été traduit en français et c'est pourquoi il a été présenté à Télé-Québec en version originale anglaise sous-titré en français. Pour les puristes, ça conserve mieux le jeu des comédiens. Pour les autres, ça peut être agaçant.
En conclusion, il s'agit d'un beau, très bien fait. L'histoire est très intéressante, la fin est très surprenante et grandiose. Ma copine a préféré Manderlay à Dogville, le niveau social de Manderlay l'a plus accroché que le niveau personnel de Dogville. C'est un film audacieux, qui a apposé une étiquette anti-américaniste à Lars von Trier comparant le personnage de Grace qui tente d'imposer la démocratie par la violence à la politique extérieure des États-Unis. Je trouve personnellement la comparaison un peu tirée par les cheveux.
Ce film a été nommé pour la palme d'or au festival de Cannes en 2005.
[Source : IMDB]
Dernière modification le 05/01/2009 @ 12:56 par Nick
Écrit le: 05/01/2009 @ 12:53
Je m'excuse pour le délai de la critique (surtout à Mystic Pizza qui l'attendait...). J'ai eu beaucoup de difficulté à l'écrire et je sais que le résumé est loin d'être génial. Le problème est qu'il s'agit d'un film à punch et raconter un bout de l'histoire dévoile presque automatiquement un punch. Un résumé plus long vous priverait automatiquement de quelques "Ha! je l'avais pas vu venir celle-là!".
Ceci était dit, je pense qu'il offre une belle continuité à Dogville et vaut le détour.
Prochain film, le très joyeux Âge des Ténèbres de Denys "avec un y" Arcand.